Comment se structure le traumatisme chez l’enfant maltraité et les victimes de traumatismes isolés?

Il existe différentes formes de violences : violences physiques, verbales, psychologiques, conjugales.

Ces violences ont un impact sur la santé des victimes car leur espérance de vie peut être réduite de 20 ans; chiffre validée par l’OMS.

Plus les violences interviennent jeunes, plus les risques sont élevés, notamment les risques de suicide. Ceci est vrai dès le 3ème trimestre de la grossesse si la mère est violentée.

Les violences atteignent le plan neurologique. Certaines zones du cerveau sont réduites de 30% de leur volume. Il peut y avoir une diminution des connexions dandritiques, un amincissement du cortex cérébral, un stress accru.

Après un traumatisme, le cerveau reste en alerte (le cerveau reptilien prend le relais car il est lié à la survie). L’amygdale cérébrale répond au danger en assurant une hyper vigilance et il sécrète les hormones du stress que sont le cortisol et l’adrénaline. Le sucre et l’oxygène sont consommés rapidement pour faire face au traumatisme.

La mémoire est, en principe, gérée par le cerveau limbide (cortex) via l’hippocampe qui donne des informations sur les apprentissages passés, etc. L’hippocampe permet à l’être humain de comprendre et de moduler la réponse émotionnelle pour la gérer. Quand l’être humain vit des évènements, ces derniers sont classés par l’hippocampe dans la mémoire autobiographique et la personne peut faire le récit de l’évènement sans qu’une douleur y soit associée. La mémoire autobiographique est comme une grande bibliothèque interne comportant des rangements.

En cas de traumatisme, le classement en mémoire autobiographique ne se fait pas et l’évènement traumatique est revécu à l’identique, avec des flashbacks, des odeurs, sons et un envahissement psychique très important.

L’évènement traumatisant dépasse l’entendement, il créé chez la victime un sentiment d’impuissance totale. Il y a eu effraction psychique avec menace à l’intégrité physique et/ou psychique.

La victime produit de l’adrénaline et du cortisol sans modulation par le cortex et l’hippocampe, ce qui entraîne un état de sidération, une paralysie ou la mise en place d’un pilotage automatique. La victime ne peut intégrer l’évènement.

La victime est comme « bouche bée » et ressent de la culpabilité (« j’aurais dû dire quelque chose, j’aurais dû me défendre »…).

Afin d’assurer la survie, le cerveau va mettre en place un mécanisme de « dysjonction du système » qui va isoler l’amygdale cérébrale pour arrêter la production de cortisol et d’adrénaline qui sont des neurotoxiques pour l’organisme.

D’autres hormones sont sécrétées telles que la morphine et la kétamine afin d’anesthésier la douleur, le stress et les émotions. Il s’agit d’un phénomène de dissociation traumatique qui peut durer quelques minutes, heures, mois, années voire toute la vie.

La victime présente un air détaché, déconnecté, autistique, sans état d’âme, transparent, sans accès aux émotions et présentant une tolérance à la douleur très problématique.

Un enfant maltraité peut se situer dans une anesthésie émotionnelle et ne rien dire lorsqu’il est  bousculé ou injurié. L’enfant ne dit rien et ne peut pas se défendre.

Le champ psychologique devient un champ miné dans lequel le moindre lien avec l’agression engendre de revivre l’évènement traumatique à l’identique avec les mots de l’agresseur et une estime de soi très faible.

Certains psychiatres posent des diagnostics de schizophrénie à tort chez des sujets victimes de traumatismes et prescrivent des psychotropes en vain.

Aussitôt que l’enfant est à l’école ou dans une famille d’accueil en cas de placement, dans certains cas, la mémoire traumatique est réactivée bien que le cadre soit bienveillant et sécurisant. L’enfant peut être confronté à des souffrances et des attaques de panique intolérables. La solution consiste parfois à placer l’enfant dans une structure un peu moins sécurisante avec des soins pour travailler sur la mémoire traumatique au lieu de changer de famille d’accueil.

Plus l’enfant se trouve dans un état de dissociation, plus l’agresseur est violent car l’enfant dit qu’il « n’a pas mal ».

Les stratégies de survie mises en place inconsciemment par l’enfant peuvent être, soit des conduites d’évitement, soit des conduites à risques avec mises en danger et conduites addictives.

L’enfant « rejoue » le traumatiqme soit sur un mode « victime », soit sur un mode « agresseur ».

Les soins consistent en un travail d’intégration pour les traumatismes ayant pris naissance dans l’enfance.

Chez les victimes d’actes isolés (accident, d’agression, d’attentat, traumatisés crâniens…) des techniques telles que l’EMDR ( Eye Movement Desensitization and Reprocessing c’est-à-dire Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires) ou l’Hypnose.

L’hypnose peut permettre également d’agir sur des traumatismes psychiques difficilement accessibles à la psychanalyse, aux thérapies comportementales et cognitives l’EMDR. Ces techniques peuvent agir sur les symptômes qui s’apparentent à ceux présentés par les victimes de traumatismes crâniens (asthénie, difficultés de concentration, maux de tête, insomnies, irritabilité, repli sur soi…).

Etre bien assisté par un avocat, c’est aussi choisir un avocat qui s’intéresse à la psychologie et qui travaille en collaboration avec des psychiatres et de psychologues formés à la prise en charge des victimes de violences et de traumatismes.